Les photographies d’œuvres en situation d’exposition ou d’atelier élargis à la taille du mur deviennent une composante essentielle et de plus en plus systématique de la muséographie contemporaine. Le conservateur institutionnel accompagné de son scénographe, tout comme le curateur indépendant, l’exploitent autant pour re-contextualiser les œuvres que pour les qualités esthétiques d’une image documentaire devenue immersive et réflexive.
Le rapport, évidemment plus riche, des artistes à ces images singulières, révèle, de différentes manières, les enjeux actuels de l’acte d’exposer.
Pour construire une forme de rétrospective de son travail Jonathan Monk a ainsi débuté en 2016 une série d’expositions intitulée « Exhibit Model »*, consistant à recouvrir les murs de l’espace d’exposition par des photographies d’archives documentant ses propres œuvres des vingt dernières années dans différents contextes. Marie J. Jean conçoit ces vues d’exposition mises en espace comme réalité augmentée : « Cette manière de reconsidérer l’exposition, c’est-à-dire d’exposer l’œuvre avec son contexte d’apparition, nous rappelle que l’œuvre d’art « est un lieu », « institue un lieu », est « un avoir lieu**. »
Mais pour Jonathan Monk, qui utilise souvent les œuvres d’autres artistes, n’est-ce pas simplement une manière de s’approprier son propre travail ?
- * — Kunsthaus Baselland et Galerie Nicolai Wallner à Copenhague en 2016, VOX, centre de l’image contemporaine de Montréal en 2017, KINDL, Centre d’art contemporain de Berlin en 2019.
- ** — Marie J. Jean. « Autour de Jonathan Monk. Les vues d’expositions comme réalité augmentée. » Ciel variable, numéro 109, printemps 2018, p. 56–65
Jonathan Monk, «Exhibit Model Four», 2019 Kindl, Berlin. Photographie: Jens Ziehe. Affiche A1 imprimée en CMJN sur papier dos bleu