En 2008, le graphiste anglais James Goggin mène un workshop de deux jours avec les étudiant·e·s en design à la Hochschule Darmstadt, en Allemagne. L’objet qui en résulte prend tour à tour les allures d’un album photos, d’un spécimen typographique et d’un nuancier. Sur la couverture, la phrase « Dear Lulu, Please try and print these line, colour, pattern, format, texture and typography tests for us » constitue une adresse claire à la plateforme d’impression en ligne que ce livre se propose d’éprouver.
Dix ans plus tard, l’offre s’est diversifiée et le succès de telles plateformes est indéniable – le phénomène s’est d’ailleurs étendu bien au-delà du champ de l’édition. Alors que certains déplorent une concurrence déloyale faite aux imprimeurs, d’autres, professionnels ou amateurs, y voient une liberté inouïe de pouvoir imprimer et diffuser à faible coût des objets plutôt bien finis.
Au sein de ces systèmes de production, les possibilités sont multiples mais restent limitées, et cela pose évidemment la question de la standardisation possible des formes et des formats. Néanmoins, avec le Print On Demand, il semble que l’enjeu ne réside plus tellement dans la matérialité d’un objet (le choix d’un format, d’un papier ou d’un façonnage particulier) mais plutôt dans l’existence même de cet objet, en dehors des circuits de production et de diffusion habituels.