n°12 — Une revue : Poster of a Girl, Revue Emmanuelle. Auteures : Catherine Guiral et Sarah Vadé
Texte : Catherine Guiral
Poster : Sarah Vadé
20 pages, 21 × 29,7 cm
+ 1 poster dos bleu A2, CMJN (réservé aux abonnés) (épuisé)
09 mai 2018
ISBN: 979-10-95991-09-0
ISSN: 2558-2062
Au premier mitan du XVIIe siècle, le médecin français Théophraste Renaudot lance un périodique, La Gazette. Y apparaissent les premières « publicités ». Le sens initial donné à ce terme est celui de rendre public et Renaudot, personnage aux activités multiples, s’emploie alors à appliquer son adage: « car tout ainsi que l’ignorance oste le désir, estant impossible de souhaitter ce qu’on ne cognoist pas, de mesme la cognoissance des choses nous en ameine l’envie. »
Ces relations syllogiques et paradoxales entre stimulation du désir, masque de l’ignorance et envie amèneront à explorer les tensions existant entre public, publicité et érotisme. En s’appuyant sur l’apparition des magazines dits « porno », en particulier le magazine Emmanuelle (lancé par les éditions Opta – Office de Publicité Technique et Artistique – en 1974), Poster of Girl déshabillera la « masculinité héroïque », pour employer l’expression de la philosophe Paul B. Preciado, tout en explorant ce que pouvait être un « magazine de plaisir » (sous-titre à Emmanuelle) à la lumière confrontante des techniques contemporaines de rhabillement*.
Déplier Emmanuelle c’est donc ouvrir des lignes de fuite qui d’une révolution de l’imprimé à une révolution culturelle, dévoilent les formes habiles, mercantiles ou critiques dont se drape eros.
* — le 13 octobre 2015, Le Monde publiait un article sur l’abandon de la nudité totale en couverture du magazine Playboy intitulé « Playboy rhabille ses playmates ». La notion de rhabillement est certes peu éloignée de celle de recouvrement. Elle offre pourtant une réflexion sur la notion de parergon, de parure mais aussi d’armure puisque l’ habillemens est étymologiquement l’engin, l’arme, la machine de combat. De quelles nouvelles techniques de détournement et de parade le rhabillement est-il alors le nom ?